La quête de Doc Brown, ou les raisons derrière les projets parallèles

Comme pour de nombreuses agences web, les projets parallèles tiennent un rôle bien particulier dans notre travail. Menés sans but commercial immédiat, ils se situent entre expérimentation, formation, stimulation, et inspiration. Pour faire grandir toute l’équipe et notre maturité professionnelle, et faire germer de nouvelles idées.

Les projets parallèles prennent du temps. Et de l’investissement, parce que ce temps n’est facturé à personne. Pourtant, l’expérience nous a montré que ce temps est largement valorisé, et ses bénéfices se manifestent toujours à un moment ou à un autre. D’une manière ou d’une autre. Ces projets fusionnent avec ceux de l’entreprise, et enrichissent les parcours personnels de chacun.

Le Doc et les McFly : l’apprentissage par la pratique

On en était convaincu bien avant de commencer notre activité professionnelle. Dès l’enfance, à vrai dire. Quand on regardait Retour vers le futur, ce film qui s’ouvre sur une machine branchée sur un réveil, dont les mécanismes vont chercher une boîte de pâtée pour chien, l’ouvrent et la servent dans la gamelle réservée à cet effet.

C’est l’oeuvre du Doc Emmett Brown, inventeur au carrefour de toutes les disciplines scientifiques, capable de concevoir une machine à voyager dans le temps avec une voiture qui carbure à l’énergie nucléaire (ou la foudre).

Pourtant, la réussite n’a pas toujours été au rendez-vous. Retour en 1955, où il porte un immense casque supposé lui permettre de lire les pensées. Le genre de trucs qui demande beaucoup de boulot… et qui ne marche pas. On comprend vite que ce n’est pas son premier échec, ni son dernier. C’est là tout le charme du Doc : l’immense majorité de ses productions sont foireuses, ou ne servent pas à grand chose quand elles fonctionnent. Même un amplificateur pour guitare peut exploser à tout moment (ça c’est du rock).

Mais ces expérimentations et ces échecs laissent leur empreinte inconsciente, et à force de pratique, de curiosité et de persévérance, Doc Brown atteint une illumination et réalise une avancée majeure, le game changer rêvé : le convecteur temporel.

Sa matérialisation en machine à voyager dans le temps va l’entraîner dans un scénario improbable et lui apprendre encore d’autres leçons. Et indirectement transformer une famille de gros losers, les McFly, en modèle de réussite cochant toutes les cases du rêve américain.

Alors, oui, on sait que c’est de la fiction, et qu’on ne changera pas la face du monde avec une découverte qui fait fantasmer l’humanité. Malgré ça, la trilogie a suffisamment façonné nos imaginaires pour qu’on comprenne que les meilleures leçons viennent de la pratique et de la mise à l’épreuve. Et qu’avec un peu de curiosité, on finit par avoir de bonne idées.

La recette d’un bon side project

Encore faut-il savoir choisir ses projets, et bien cibler d’où peut provenir une progression collective. Pour nous, un bon side project doit permettre trois choses :

  • Se stimuler : pour lever la tête du travail quotidien et de la routine, se challenger, se prouver qu’on peut monter des projets complexes, et garder une équipe mobilisée avec des cerveaux en ébullition.
  • Tester : se confronter à des sujets qu’on a jamais eu, ou des sujets qui nous mettrait des paillettes dans la tête. Des sujets qu’on aimerait approfondir, des sujets que nos clients pourraient avoir, des idées de business parallèle, ou la mesure du potentiel d’un nouvel outil, d’un nouveau marché…
  • Apprendre : améliorer nos process de travail, s’ouvrir l’esprit et questionner nos pratiques, devenir force de proposition pour nos clients en expérimentant un projet qui nous met à leur place…

Tous ces éléments permettent de générer de nouvelles idées, et participent fortement à la cohésion d’équipe.

Anticiper le futur en se servant du passé !

Comment ça se traduit, concrètement ? Déjà, c’était beaucoup plus simple aux débuts de l’histoire de Fantassin. Quand il n’y a que deux personnes et que l’entreprise a peu de charges, on peut facilement s’aménager du temps pour travailler sur des projets expérimentaux, et même s’y consacrer pleinement une fois le chiffre d’affaires de l’année assuré. On a même accueilli un stagiaire spécialement pour travailler sur un side project pendant trois mois.

A l’époque, on a mené deux projets parallèles complets, qui nous ont énormément appris, même si ils sont aujourd’hui en sommeil et n’ont pas eu de retombées financières :

  • Un logiciel de CRM (Customer Relationship Management) nommée Café Crème : dérivé de WordPress avec des fonctionnalités avancées et un design d’interface fouillé, il nous a permis d’explorer en profondeur WordPress (et découvrir mille manières de le détourner) et de nous placer dans une logique de conception de produit, délivré en SAAS (Software as a service), soit un logiciel accessible en ligne. On se sert encore de la fonctionnalité de time tracking en interne.
  • Un blog d’objets cools, tout simplement. L’idée était de tester la mise en place et l’effet d’une signature éditoriale forte et d’une curation d’objets pointue. Résultat : on a vendu de l’article sponsorisé avec moins de 500 visites/mois.

Puis la boîte grandit, les charges deviennent plus importantes, et on ne peut plus réellement se permettre de mener des projets parallèles de A à Z. Ce qui ne nous empêche pas de continuer à expérimenter sur des points précis : avec des ateliers internes, des exercices pratiques, et des défis transversaux à tous les métiers présents dans notre agence.

Ils gardent encore une importance majeure dans notre manière de fonctionner, et dans l’amélioration constante de nos outils de travail. On essaie d’injecter un maximum de recherche et développement dans ces projets car ils alimentent notre environnement de développement maison, le bien nommé Bazooka, et aussi parce qu’ils justifient un crédit impôt innovation, qui nous permet aujourd’hui de poursuivre ce travail de recherche et développement de manière sécurisé pour garder une avance technique et continuer à progresser.

L’influence de ces projets recouvre un spectre bien plus large : ils nous façonnent en tant qu’entreprise, et en tant qu’individus. Ils font partie de notre parcours, et ce sont des épisodes dans lesquels on a le droit à l’erreur. Comme dans Retour vers le Futur, ce sont les leçons tirés de ces erreurs qui nous font grandir, et nous permettent de trouver des solutions de plus en plus pertinentes aux besoins qui nous sont présentés.

Ces expériences passées sont des bases solides pour garder un esprit éveillé et suivre les conseils de Doc Brown : « Le futur n’est jamais écrit à l’avance, pour personne. Votre futur sera exactement ce que vous en ferez, alors faites en sorte qu’il soit beau, pour chacun de vous ! »

Et qui sait quelle idée révolutionnaire va émerger de cette émulation collective ?