Indiana Jones ou l’art d’aboutir à des solutions simples (sans être simplistes)

Dans la vie d’une agence web, il y a des phrases qui reviennent souvent. Comme « on n’a pas beaucoup de budget », ou « on n’a pas beaucoup de délai », ou le classique « on peut grossir le logo ? ». Mais celle qui revient le plus souvent, et qu’on a même parfois dû dire nous même, c’est : « Je veux quelque chose de simple ». 

Bien sûr, on comprend cette envie. On est tous bombardés par une surabondance constante d’informations, tiraillés par les tâches et les choix qu’il nous faudra faire chaque jour, le tout en luttant pour garder un état d’esprit compatible avec la recherche du bonheur, pour soi et pour les autres. Tout est bon à prendre pour ramener un peu de sérénité. Et tout le monde veut plus de simplicité. 

« Rien ne me choque, moi. Je suis un scientifique »

Le problème, c’est quand cette volonté tombe dans le simplisme. Où on ne se pose pas la question de la signification et des conséquences de « quelque chose de simple ». Parce que souvent, les solutions simples ne sont pas si simples. Et on le prouve. 

On a tous en tête cette scène mythique du face à face entre Indiana Jones et un guerrier qui veut l’intimider en se la jouant spectaculaire avec son sabre . La suite, c’est Indy qui sort un calibre en soupirant, et qui tue l’antagoniste sans efforts. Tout simplement.  

Qu’est-ce qui rend cette solution simple ? C’est le flingue, pardi. Un outil pensé et optimisé pour tuer tout en tenant au creux de la main. Perfectionné par des siècles de recherches en armement. Qui nécessite le travail de métaux et de poudre dans un équilibre savant. Bref, une solution simple peut demander un outil complexe. Mais pas seulement. 

En effet, il faut aussi anticiper le besoin et faire une bonne utilisation de l’outil. Le résultat n’aurait pas été le même si l’archéologue préféré des cinéphiles avait dû demander une minute de temps mort pour charger son pistolet. 

Et c’est tout pareil quand il s’agit d’un projet web : une solution simple s’appuie sur un outil souvent complexe, dont la conception a nécessité beaucoup de travail pour qu’il puisse répondre à un besoin au bon moment. 

« Piloter, oui. Atterrir, non »

Faire simple, c’est donc avant tout bien préparer son projet. Parce qu’il est facile d’imaginer qu’on a une solution simple là, à portée de main, qu’elle va résoudre tous nos problèmes, et qu’elle nous donnera la gloire, l’argent et le pouvoir. Et à se laisser bercer par des rêves de grandeur, on ne voit pas qu’on n’a pas réfléchi à tous les aspects de cette solution simple. 

C’est exactement ce qui arrive aux nazis dans « Les aventuriers de l’arche perdue ». Qui partent à la recherche de l’arche d’alliance, supposée avoir le pouvoir de mener n’importe quelle armée à la victoire, sans se poser la question de « comment » et « pourquoi » ? Si vous l’avez-vu, vous savez que ça tourne mal. Si vous ne l’avez pas vu, on vous le dit : ça tourne mal. 

Sauf pour Indiana Jones, qui a un peu étudié le sujet, et qui trouve la bonne solution pour s’en sortir. Encore une fois une solution simple, basée sur des connaissances solides. 

« Vous faites autorité sur la question ? »

Ce qui nous amène au socle de conception d’un projet web : pour retenir l’essentiel et pouvoir faire simple, il nous faut une vision complète du projet, de sa version idéale, de sa projection à court et moyen (et long ?) terme.

Pour ça, on préconise un outil nommé « backlog » : un document qui détaille toutes les fonctionnalités de votre projet, triées par famille. On assigne ensuite un indice de criticité à chaque fonctionnalité, ce qui nous permet de déterminer des priorités, et la planification complète du projet en différentes versions. En gros, les fonctions les plus critiques feront partie de la première version du projet. Viendront ensuite les fonctionnalités de la v2, de la v3, etc. 

Pour évaluer la criticité d’une fonctionnalité, on peut se demander…

  • La fonctionnalité fait-elle partie du socle technique de base ? (socle nécessaire au développement de tout le reste)
  • Quel est l’intérêt de la fonctionnalité ? Est-elle d’ordre opérationnel ? D’ordre expérientiel ?
  • Quelle est la maturité des utilisateurs (ou du marché) vis-à-vis de cette fonctionnalité ? (c’est là que vous pouvez placer le mot de “disruption” et ainsi remporter le bingo du pitch de projet numérique) 

Le backlog est en place, voyons maintenant les contraintes du projet. Pour commencer, quel est le timing pour réaliser ce projet tout simple ? Ensuite, quel budget pour ce projet tout simple ? 

Dans certains cas, la demande du produit simple peut signifier « vite et pas cher ». Pour la question du temps, il faudra expliquer au client le processus de création d’un produit. 

Pour ce qui est du budget, il faudra tâcher d’en comprendre les raisons : le budget bas correspond-il à l’ambition qu’on donne au projet, où à une première mise que le client met pour tester son idée ? De notre côté, la première raison nous amène à ne pas aller plus loin (ce qui simplifie beaucoup de choses). Dans le deuxième cas, nous avons davantage d’informations pour prioriser le travail, et ça c’est bien !

« Et un scientifique est toujours en train de faire des recherches ? »

Le backlog nous permet de montrer qu’une fonctionnalité basique peut cacher une mécanique complexe. 

Comme pour une voiture par exemple : nous sommes bien d’accord, sa fonction est de rouler. C’est simple. Pourtant quand on soulève le capot, on se rend compte que pour rouler il faut un moteur, fixé sur un châssis, et relié à des roues. Puis de l’essence, accessoirement. Tout ça pour rouler ?! Puis une fois qu’on roule, comment on s’arrête ? Et puis comment on change de direction ? Ah bah, on y avait pas pensé à ça…

Cet exemple nous amène à la question du socle de votre projet. Parfois, pour proposer une fonctionnalité, il faut mettre en place une structure en amont pour que les utilisateurs puissent l’utiliser (création de compte par exemple). Une structure à penser intelligemment, pour vous permettre de faire évoluer le produit sereinement (on parle là de dette technique).

Certes, ne pas regarder sous le capot arrangera surement l’adepte du « vite et pas cher ». Dans tous les cas, cette question est essentielle puisqu’elle sera la clé de la réussite (ou de l’échec) de l’évolution de votre projet.

Pour revenir à Indiana Jones, il s’appuie sur un meilleur backlog que ses ennemis dans la quête du Graal. Sa préparation du projet lui permet de passer une succession d’épreuves codifiées sans y laisser sa vie.

« On peut y aller. Il n’y a rien à craindre ici »

Tout ça pour dire que faire simple, c’est comme partir en quête du Saint Graal. A part dans la fiction, personne n’y est jamais vraiment arrivé. Mais on peut considérablement faciliter les choses avec un travail de réflexion et de conception de projet en amont, qui permettra de franchir les obstacles au rythme d’un générique légendaire, et d’aboutir à une solution la plus simple possible. 

Bah du coup, c’est simple non ? Mais bon, si vous avez des questions, si vous souhaitez échanger sur le sujet ou nous parler de votre projet, on est à votre disposition !